Les premières années
L'hôpital d'Oyonnax a été créé le 9 juillet 1900 par décret. Très rapidement, les membres de la commission administrative, installés en octobre 1900, se mirent à la recherche d'une congrégation religieuse pouvant assurer le service aux malades (voir la cote H-dépôt Oyonnax 17). Après avoir étudié la proposition des religieuses de la congrégation de Bourg, un traité est finalement signé le 14 septembre 1901 avec la supérieure générale des sœurs de la Charité de Besançon. Ce traité prévoyait de charger 5 religieuses du service des malades de l'hôpital d'Oyonnax. La première avait le titre de supérieure, la deuxième était chargée de la pharmacie, la troisième de la salle des hommes, la quatrième de la salle des femmes, la dernière de la direction de la cuisine.
[ETET]lt;p>Au mois de janvier 1902, l'hôpital est ouvert aux malades et aux vieillards. Selon l'article 36 du règlement général (voir la cote H-dépôt Oyonnax 1), « l'hôpital-hospice est établi dans l'intérêt de la population pauvre d'Oyonnax ». Seuls les malades indigents domiciliés dans la ville pouvaient alors être admis de plein droit et gratuitement. Les malades non indigents de la localité et des alentours étaient accueillis dans la mesure des places disponibles et devaient s'acquitter des frais d'hospitalisation. La ville comptait alors environ 6000 habitants.
Au fil du temps, pour répondre à la demande, l'hôpital est équipé d'une salle d'opération, d'une salle de pansements et d'une salle de bains. Dès 1911, la commission administrative de l'hôpital, face à l'augmentation constante des demandes d'accueil, charge M. Lavaud, architecte, d'établir divers avant-projets pour agrandir l'établissement. Avec la déclaration de guerre, le projet d'agrandissement fut abandonné.
Extension et modernisation du bâtiment[ETET]lt;/p>
En 1920, la ville d'Oyonnax comptait environ 12000 habitants et l'hôpital n'était alors plus assez grand pour accueillir tous les malades et les vieillards. Afin de financer les travaux, la municipalité organisa, dès 1925, une fête annuelle de bienfaisance au profit exclusif de l'hôpital. Entre 1925 et 1931, 503 000 francs furent récoltés.
En 1926, M. Lavaud proposa quatre avant-projets d'agrandissement respectant les prescriptions du ministère de l'Hygiène et de la Prévoyance sociale en matière de constructions hospitalières . Ces règles, édictées en 1922, imposaient notamment la construction ou l'agrandissement des hôpitaux par pavillons isolés. Le premier projet fut approuvé par le conseil municipal dans sa séance du 28 septembre 1928. Il devait comprendre la construction d'une salle de laboratoire, d'un bâtiment d'habitation pour le concierge et l'économe et de sept pavillons :
- le pavillon de la maternité ;
- deux pavillons pour les vieillards : un pour les hommes, un pour les femmes ;
- deux pavillons pour les tuberculeux et contagieux, hommes et femmes ;
- deux pavillons de médecine générale : un pour les hommes, un pour les femmes.
Ce projet n'a pu être suivi d'exécution suite aux modifications des règles en matière de construction hospitalières parues en 1930, qui exigeaient désormais la construction des hôpitaux par étages et non plus par pavillons isolés.
Un nouveau projet d'agrandissement, réalisable en deux temps, a donc été proposé. La première étape prévoyait, entre autres, l'agrandissement de l'hôpital avec la construction de deux bâtiments en ailes, la construction du logement du concierge et de l'économe, l'aménagement de monte-malades, l'installation du chauffage central et de l'eau chaude ainsi que la mise à l'égout. La seconde étape permit, en 1936, la construction d'un hospice de vieillards pouvant accueillir 100 lits.
En 1942, le nouvel hospice se révéla de nouveau saturé et l'hôpital, vétuste, ne permettait plus l'accueil de tous les malades. Face à ce constat et malgré les conditions difficiles liées à la guerre, un nouveau projet d'aménagement fut présenté au secrétariat d'État à la Santé en mars 1943, afin de permettre d'accroître les capacités d'accueil (voir la cote H-dépôt Oyonnax 133). Il prévoyait d'inverser les destinations de l'hôpital et de l'hospice. Ainsi, l'hôpital, plus ancien, ne pouvant être remanié sans des frais trop importants, devint hospice, et inversement. Les services administratifs, qui se trouvaient auparavant à coté des chambres de malades et qui étaient donc exposés aux contagions, furent déménagés dans des pavillons séparés construits à cet effet. Le projet de construction d'une maternité dans un pavillon séparé, formulé à cette occasion, fut repoussé à plusieurs reprises. Le bloc opératoire qui se trouvait dans le bâtiment de l'hôpital devait également être modernisé mais, faute de subvention, ce projet fut suspendu jusqu'en 1951 et finalisé en 1955.
En 1960, les deux ailes de l'hôpital furent surélevées afin d'accueillir 42 lits supplémentaires. Au total, l'hôpital pouvait alors accueillir 194 personnes.
Un nouveau projet fut lancé deux ans plus tard (délibération du 28 décembre 1965, voir la cote H-dépôt Oyonnax 23) afin de porter la capacité d'accueil de l'hôpital à 278 lits à l'horizon 1965, notamment en ouvrant une maternité.
En 1968, l'hospice fut divisé en deux afin de distinguer le service des pensionnaires valides de celui destiné aux pensionnaires invalides (délibération du 19 janvier 1968, voir la cote H-dépôt Oyonnax 23) .[ETET]lt;/p>
Les agrandissements successifs de l'hôpital rendent compte non seulement de la demande accrue de place mais également du développement des spécialités médicales et chirurgicales. Ainsi, à la salle de chirurgie s'ajouta en 1946 un service médecine et contagieux installé à l'hospice (voir la cote H-dépôt Oyonnax 19). En 1951, un service de phtisiologie (voir la cote H-dépôt Oyonnax 20) est créé puis supprimé à compter de 1960 (voir la cote H-dépôt Oyonnax 21) afin de permettre la réorganisation du service médecine et contagieux. En 1968, un tout nouveau service d'oto-rhino-laryngologie est ouvert. En 1975, c'est au tour du service de pédiatrie d'être installé. Enfin, en 1980, l'hospice fut transformé en maison de retraite pouvant accueillir 95 personnes.
L'hôpital en temps de guerre
La Première Guerre mondiale
En août 1914, le département de l'Ain a participé à l'accueil des réfugiés de Belfort fuyant les Allemands. Dans ce contexte, l'hôpital d'Oyonnax a accueilli une quarantaine de femmes réfugiées considérées comme des « bouches inutiles ». La plupart d'entre elles restèrent durant toute la durée de la guerre dans l'établissement.
Le 25 septembre 1914, l'hôpital est divisé en deux : d'un coté l'hôpital civil qui continuait d'accueillir les malades civils et les vieillards et, de l'autre, l'hôpital militaire auxiliaire (HA) portant le numéro 207 pour la 7e région militaire (elle regroupait les départements de l'Ain, du Doubs, du Jura, du Territoire de Belfort, de la Haute-Saône, des Vosges et du Rhône). Géré par l'Association des dames françaises (ADF), l'hôpital auxiliaire pouvait accueillir 120 malades. Cette association est née en 1879 d'une première scission de la Société française de secours aux blessés militaires (SSBM) qui avait vu le jour en 1864. Son but était de former des infirmières.
À partir du 2 octobre 1914, la ville d'Oyonnax accueillit l'hôpital auxiliaire 213, installé dans les magasins de l'usine Convert, situés au 119 de la Grand Rue. L'Association des dames françaises était également chargée de la gestion de cet hôpital d'une capacité de 35 lits.
L'hôpital auxiliaire 213 ferma ses portes le 30 décembre 1916 alors que le 207 resta en activité jusqu'au 31 décembre 1918. L'hôpital d'Oyonnax recouvra entièrement son statut civil au début de l'année 1919.
La Seconde Guerre mondiale
Le second conflit mondial amena l'hôpital à s'organiser pour remplacer le personnel mobilisé ou parti au service du travail obligatoire (STO). A cette difficulté s'ajouta celle du ravitaillement, des pénuries, et de l'aménagement de l'établissement pour l'accueil des éventuels blessés. L'hôpital joua d'ailleurs un rôle important jusqu'en 1941 dans l'accueil de réfugiés et, plus tard, dans le soin porté aux résistants : des états (voir cote H-dépôt Oyonnax 76) dressés après le conflit comptabilisent ces derniers.
La Libération ouvrit une période d'instabilité pour la gouvernance de l'hôpital. De 1944 à 1945, la Commission administrative, présidée par le maire d'Oyonnax, fut dissoute et reformée à plusieurs reprises suivant l'instabilité politique de la période.
L'évolution du personnel soignant
L'histoire de l'hôpital est également liée à la laïcisation et à la spécialisation de son personnel soignant. D'abord constitué par des religieuses de la congrégation des sœurs de la Charité de Besançon, il s'est peu à peu diversifié avec l'arrivée de personnels laïcs formés. En 1942, les rapports avec la maison mère de la congrégation devinrent compliqués du fait de sa situation géographique en zone occupée. L'hôpital, ne pouvant se passer du personnel congréganiste, fit alors appel à la congrégation hospitalière des sœurs de la Croix de Jésus à Groissiat (voir la cote H-dépôt Oyonnax 19). La congrégation des sœurs de Saint-Joseph de la province de Bourg contribuèrent également à mettre à disposition de l'hôpital du personnel qualifié. En 1902, on comptait cinq religieuses pour les soins, en 1970 (H-dépôt Oyonnax 24), 147 personnes se partageaient la gestion administrative et médicale de l'établissement.
Vers la fusion
Dès les années 1970, le rattachement de l'hôpital d'Oyonnax à celui de Nantua fut envisagé. En 1978, la construction d'une école d'infirmières (H-dépôt Oyonnax 24) fut décidée en commun et la création d'un service de cardiologie fut projetée (H-dépôt Oyonnax 24). En 2002, les deux hôpitaux fusionnèrent pour former le Centre hospitalier du Haut-Bugey (CHHB).