Evolution de l'appartenance de la seigneurie de Montluel, entre le Dauphiné du Viennois, le comté puis duché de Savoie et le royaume de France.
Avant 1326 Châtellenie administrée par les seigneurs de Montluel
1326-1355 Dauphiné de Viennois
1355-1536 Comté puis duché de Savoie
1536-1559 Première annexion de la Valbonne (et donc de Montluel) par le royaume de France
1559-1601 Retour sous la domination du duché de Savoie
A partir de 1601 Annexion définitive au royaume de France
1973 Intégration de la commune de Cordieux (1)
Présentation générale (2)
Montluel est une ville qui s'est construite au fil du temps grâce à sa position géographique particulière. Proche de la ville de Lyon sans y être rattachée – si ce n'est spirituellement par son appartenance à l'archevêché de Lyon dès le Moyen Âge – elle se développe autour de la Sereine, un affluent important du Rhône, de la côtière de Dombes et de la plaine alluviale de Rhône.
Comme l'évoque l'historiographie récente, et en particulier la thèse de Nicolas Payraud, l'occupation du territoire de Montluel avant l'An Mil est très mal connue. Un établissement agricole, du Ier siècle avant notre ère, a été découvert lors de fouilles en 1980 puis en 2006 sur le site des Vernes (commune de La Boisse), il est par la suite transformé en une villa au cours du Haut-Empire. Ce site possède néanmoins des traces d'occupations plus anciennes, peut-être de l'âge du Bronze final. Si les archéologues émettent l'hypothèse d'une « densité du peuplement dans le secteur de la vallée du Rhône autour des IIIe-IVe siècles, on ne connaît, en revanche, rien sur l'occupation du confluent du Rhône et de la Sereine durant le Haut Moyen Âge » . (3)
Montluel, ou plutôt Montislupelli, apparaît pour la première fois dans les sources vers 1080. Il s'agit d'un document évoquant la fondation du prieuré de La Boisse, par le seigneur Humbert Ier de Montluel. Il donne pour cela des terres situées à La Boisse, Saint-André-de-Corcy, Montluel et Girieu à l'ordre des Bénédictins. Cette donation est confirmée en 1092 par l'archevêque de Lyon (4). Le château de Montluel apparaît, quant à lui, en 1176 puisque Pierre, seigneur de Montluel, y réalise de nombreux travaux (5).
Si « le territoire soumis à l'autorité des seigneurs de Montluel est difficile à cerner, […] il est relativement étendu » (6), cette châtellenie fait « partie intégrante de la seigneurie de Valbonne » (7). En 1276, les habitants de Montluel reçoivent d'Humbert IV, seigneur de Montluel, de nombreux privilèges grâce à une charte de franchises (8): ils obtiennent le droit de tenir un marché et de fortifier la ville. Cependant, la ville se trouve au cœur de conflits régionaux qui sont animés par les seigneurs de Beaujeu (qui tiennent le mandement de Miribel depuis 1218 (9)) et le bailliage de Bugey à l'est, les comtes (puis ducs) de Savoie au nord et à l'ouest et les Dauphins du Viennois au sud. C'est ainsi qu'en 1304, « le Dauphin et le comte de Savoie revendiquent tous deux la suzeraineté sur Montluel et Villars » (10) et Montluel se rapproche du Viennois. En 1323, à la suite d'un conflit entre les Dauphins et le sire de Beaujeu sur le contrôle de la Valbonne, Edouard de Savoie reconnaît Guigues VIII, Dauphin, comme suzerain de Montluel. Trois ans plus tard, Jean de Montluel vend au Dauphin la seigneurie de Montluel. C'est ainsi qu'en 1328, Guigues VIII accorde une nouvelle charte de franchises aux habitants, en s'engageant à restaurer les murailles de la ville à ses frais. Il faut cependant attendre 1339 pour que les seigneurs de Beaujeu et de Thoire-Villars renoncent définitivement à leurs droits sur Miribel et Montluel.
C'est lors du traité de Paris de 1355 que Montluel, Miribel et l'ensemble de la Valbonne passent sous contrôle du comté de Savoie. Amédée VI confirme les précédents privilèges en 1357 et en accorde deux nouveaux aux habitants, dont l'un leur permet de lever une somme utilisée pour réparer les murailles, et ce pendant quinze ans. Entre période de paix et période troublée tant par les épidémies de pestes que par le passage de troupes armées, Montluel bénéficie de la proximité avec Lyon pour être « l'un des lieux privilégiés de la diplomatie savoyarde » (11). Autour de 1510, la ville réussit à obtenir l'érection d'un consulat, et la mise en place d'une administration avec élection de deux syndics tous les ans, à la Saint-Martin d'hiver (12).
Enfin, si la ville est annexée une première fois entre 1536 et 1559 par le royaume de France – Henri II, roi de France, confirme d'ailleurs les privilèges des habitants en 1546, il faut attendre officiellement 1601, et le traité de Lyon, pour qu'elle entre définitivement dans le giron français (13).
Notes
(1) Les archives de Cordieux ne sont pas inventoriées dans ce présent inventaire. Mais elles ont été rapatriées sur le site de la mairie de Montluel.
(2) PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle, Thèse de doctorat d'Histoire, dirigée par Étienne HUBERT, Lyon, Université Lumière-Lyon 2, décembre 2009. Voir notamment son analyse sur la châtellenie de Montluel, pp. 135-188 ; PERCEVAUX Paul, Histoire de Montluel, Montluel, s. n., 2007.
(3) PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 138.
(4) Nicolas Payraud explique dans sa thèse qu'il s'agit en réalité d'« une seule et même paroisse (celle de La Boisse), dont dépendant alors les chapelles de Girieu et de Montluel », PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 139.
(5) C'est aussi sous ce seigneur que le territoire de Montanay intègre la châtellenie de Montluel, PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 139.
(6) PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 139.
(7) PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 137.
(8) Il s'agit du plus ancien document conservé dans le fonds des archives municipales.
(9) Les seigneurs de Beaujeu possèdent une partie des droits seigneuriaux, notamment le droit d'usage sur les moulins de Montluel, PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 139.
(10) PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 140.
(11) PAYRAUD Nicolas, Châteaux, espace et société, op. cit., p. 142.
(12) AM Montluel BB 1.
(13) Henri IV, roi de France, confirme les privilèges des habitants dès 1596.