François-Léon Anus est né à Besançon en 1897, du mariage entre Napoléon-Étienne-Henri Anus et Marie-Jeanne-Claude-Élise-Françoise Fouin. En 1929, il épouse Marguerite-Marie-Eugénie Philippe avec qui il a quatre enfants. Il s’enrôle dans l’armée dès 1915 pour participer à l’effort de guerre jusqu’en 1919. Il est par la suite rappelé au combat lors de la Deuxième guerre mondiale avec le grade de lieutenant. Il est fait prisonnier en 1940, puis libéré en 1941 et démobilisé par la suite. Durant ses années de service, il déposa un brevet sur Les ordonnateurs polaires et la méthode de superposition des calques, appliqués à la reconnaissance du terrain et au tir d’artillerie. Il reçut des récompenses comme la croix de guerre.
Il est admis le 12 juillet 1920 en deuxième classe à l’École nationale supérieure des beaux-arts sous le matricule 7439. Il obtient trois troisièmes médailles en exercice d'histoire de l'architecture, perspective et dessin. Il fait partie de la première classe à être subventionnée par le département de la Côte-d'Or le 18 juillet 1922. Il obtient une deuxième médaille en modelage. Il est diplômé le 22 février 1927 (135e promotion, avec le sujet d’étude « La demeure d'un résinier en pays landais »).
Il réalise ensuite des missions archéologiques comme architecte du Service des antiquités de Syrie, avec l'historien Paul Deschamps (1888-1974), pour lever les plans du Krak des Chevaliers et des autres forteresses croisées en 1927-1928 et 1929. Peu de temps après, en 1937, il est nommé architecte des monuments historiques. En 1941, il devient architecte de la reconstruction avant même la création officielle du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, qu’il intègre en 1944. Il réalise au cours de sa carrière de nombreuses constructions et reconstructions emblématiques à Bourg-en-Bresse, où son agence est établie.
Au cours de sa vie il est également très engagé sur le plan associatif notamment pour les enfants et leur éducation, mais également sur le plan culturel avec un intérêt particulier pour l’archéologie. Il s’illustre aussi par ses travaux privés avec la rédaction de nouvelles et de poèmes. À la suite du décès de sa mère en 1951 il quitte la ville de Bourg-en-Bresse pour se rapprocher du reste de sa famille à Bordeaux. Il y décède en 1958 peu de temps après avoir reçu la décoration de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, le 23 octobre 1957.
Présentation du métier d’architecte
Afin d’appréhender au mieux les documents présents dans ce fonds, il est important de comprendre les nuances entre les différents postes et grades dans le domaine de l’architecture. François Anus est un architecte diplômé d’architecture par le gouvernement mais également un architecte des monuments historiques et de la reconstruction.
Diplômé par le gouvernement (DPLG), est l'ancien nom du diplôme de fin d'études en architecture. Cette appellation était encore en vigueur en 2007 mais elle fut finalement remplacée par le DE, c’est-à-dire diplôme d’État d’architecte. Ce diplôme permet d’obtenir une habilitation à exercer la maîtrise d’œuvre en nom propre (HMONP) et donc d’ouvrir une agence d’architecture.
François Anus fut nommé architecte ordinaire des monuments historiques en 1937. Cette appellation a connu des évolutions depuis lors. La première mission de protection des monuments historiques débute en 1840, or la structuration du service n’est effective qu’à la promulgation de la loi du 30 mars 1887. Ainsi, en 1907, un poste d’architecte ordinaire et d’architecte en chef peuvent être créés dans chacun des départements. Le terme « ordinaire » désigne un architecte compétent pour intervenir toute l’année, et il est chargé du strict entretien et des réparations courantes des monuments. Les architectes ordinaires des monuments étaient nommés par le ministre de la Culture pour quatre ans et étaient rémunérés par des honoraires et vacations fixées par arrêté ministériel. Un décret du 20 décembre 1935 réorganisa la fonction des architectes ordinaires des monuments historiques qui devinrent « architectes des monuments historiques ». Ils étaient recrutés sur concours, suivi par un stage probatoire. À côté de leurs fonctions d’architectes des monuments historiques, ils pouvaient exécuter des travaux à titre privé.
Dans la France de la reconstruction, après la Seconde guerre mondiale, la direction de l’architecture suscita un nouveau changement de statut, afin d’avoir à sa disposition un corps d’architectes fonctionnaires de l’État. Ils n’étaient rémunérés que par un traitement fixe et ne pouvaient pas exercer leur profession en dehors de leur service. Le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU) fut créé en octobre 1944. Il s’agissait du regroupement des services de la Délégation générale à l’équipement national (DGEN) et de ceux du Commissariat technique à la reconstruction immobilière (CTRI). Ce ministère devint en 1955 le ministère de la Reconstruction et du Logement (MRL) puis le ministère de la Construction en 1958, et enfin le ministère de l’Équipement en 1966.
En 1946, les architectes départementaux sont créés et deviennent officiellement des fonctionnaires. Ils portent alors le nom d’architectes des bâtiments de France (ABF). Les agences qui sont créées en ce nom devaient comporter au minimum un architecte des bâtiments de France, souvent le chef de l’agence, un commis dessinateur, une dame sténodactylographe et un surveillant des travaux.
Les missions de l’architecte des bâtiments de France sont plus larges que celles de l’ancien architecte ordinaire. Ses attributions, fixées par le décret de 1946, en font le correspondant permanent de l’État dans les départements pour le suivi du contrôle et de l’entretien des monuments historiques, mais également dans le domaine des sites, perspectives et paysages. L’architecte des bâtiments de France se doit alors de contrôler tous les travaux entrepris par les particuliers et ce au nom de l’État.