Le photographe : Alexis Jean Henri FRANCK est né le 31 décembre 1885 à Tiaret dans le département d’Oran en Algérie. Il est le fils de Jean Charles FRANCK, médecin militaire et de Marie-Rose BAJOLOT. Son père, originaire de la Moselle, après avoir participé à la Guerre de 1870 du côté français, part exercer en Afrique du Nord. La famille Franck revient s’installer à Epinal en 1898. Lorsque le père prend sa retraite militaire, il continuera d’exercer la médecine dans le civil. Alexis Jean Henri (appelé couramment Henri) souhaite rapidement embrasser la même carrière que son père. Il fait une demande pour intégrer l’école de médecine militaire de Bordeaux en 1904, mais il ne sera pas tiré au sort. En 1905, grâce au changement de la législation militaire (qui rend le service « obligatoire »), il est engagé pour un an. En octobre 1906, il est dirigé vers le 5e dépôt des équipages de la Flotte à Toulon où il est apprenti marin, puis matelot infirmier. Admis au concours de 1906, il intègre l’école principale du Service de Santé de la marine à Bordeaux en octobre 1907. Il y restera 4 ans, obtenant en décembre 1910 son diplôme de Docteur en Médecine. Promu au rang de médecin aide-major de 2e classe, il intègre l’Ecole d’Application du service de santé des troupes coloniales à Marseille le 15 janvier 1911. Elève bien noté, il est affecté au 7e régiment d’infanterie coloniale le 11 novembre 1911 et part en campagne en Afrique Equatoriale Française en février 1912. Débarqué à Brazzaville (Congo) le 20 mars 1912, il est désigné pour servir au poste médical de Massenya (Tchad). En novembre 1912, il demande à diriger le poste médical de Moussoro (Tchad) où il doit assurer un service mobile. Il est promu médecin aide-major de 1e classe en janvier 1913. Rapatrié en décembre 1913, il intègre le 5e régiment d’infanterie colonial cantonné à Lyon le 28 juillet 1914. Suite à l’ordre de mobilisation générale du 2 août, il part avec son régiment sur le front, dans la région de Woëvre dans la Meuse. Le régiment fait partie de la 2e brigade coloniale, commandée par le colonel Marchand originaire de Thoissey (Ain). Le 20 août 1914, Henri Franck est fait prisonnier au poste de secours de Walscheid avec trois autres médecins. Il revient sur le front le 2 septembre 1914. Au premier janvier 1915, son régiment est dirigé vers l’Argonne. Jusqu’en juin 1915, les bataillons du régiment alterneront entre le front au Ravin de Courtes-Chausses, l’arrière front aux Trois Ravins et au Four de Paris et le lieu de cantonnement à Lachalade. Le 15 juin, le régiment quitte l’Argonne, mais il y est rappelé le 2 juillet. Le 25 juillet Henri Franck est tué par un obus alors qu’il soignait des blessés au poste de secours du Bois de la Gruerie. Inhumé au cimetière militaire de Vienne-le-Château dans la Marne, il est cité à l’ordre de la IIIe armée le 19 août 1915.
Les photographies : Les clichés ont été pris d’une part lors de son séjour en Afrique entre 1912 et 1914 et d’autre part entre janvier et juillet 1915 en Argonne. Il s’agit de vues stéréoscopiques dont le procédé donne l’impression de relief par superposition de deux images prises avec un écartement comparable à celui des yeux et que l’on visionne grâce à un stéréoscope. La photographie est d’abord prise en négatif grâce à un procédé au gélatino-bromure d’argent. Les photographies sont contretypées sur des plaques de verre par contact, émulsion contre émulsion, avec la plaque négative dans un châssis exposé à la lumière du jour. Une seconde plaque de verre protège la partie sensible de la plaque positive. Les tirages papiers sont également obtenus par noircissement direct sur du papier citrate (aristotype à la gélatine), à partir d’un négatif sur verre. Ces photographies ont été prises avec un appareil de marque LEROY (fabriqué par la société Guérin), pour des plaques de verre de format 6x13. Il possède un obturateur à guillotine, un viseur à cadre et un objectif sur tourelle qui permet un décentrement panoramique. Il possède également deux pas de vis pour fixer un pied (et faire des photographies horizontales ou verticales).
Les 388 plaques positives et les 50 plaques négatives sur verre concernent toutes l’Afrique. Cette partie du fonds se compose également de 142 tirages papier. Pour la guerre de 1914-1918, le fonds se compose de 127 tirages papiers, mais tous ne sont pas des clichés pris avec un appareil stéréoscopique. Il existe également trois négatif sur support souple au nitrate de cellulose (les photographies n’ont pas été prise par Henri Franck, puisqu’il s’agit de sa tombe…)
En Afrique, Henri Franck est tour à tour ethnologue en réalisant des portraits d’hommes et de femmes de différentes populations, touriste colonial en se rendant sur les tombes des grands explorateurs militaires, chasseur de safari lorsqu’il abat des espèces animales variées ou simple rapporteur de la vie quotidienne quand il photographie les défilés des différentes troupes. Ce qui est assez étonnant, c’est qu’il n’y a aucun cliché en rapport avec sa fonction de médecin : aucun cas particulier de maladie n’est photographié. En Argonne, si Franck s’intéresse à ses infirmiers et aux troupes, il n’y a en revanche aucune photographie de blessés, de cadavres ou d’actes médicaux… Il fixe les moments de détente plutôt que le conflit.
Le classement : Seules trois photographies sont datées avec précision, il n’a donc pas été possible de classer ce fonds suivant un ordre chronologique. Pour la partie africaine, le classement du photographe a été en partie suivi. En effet, les quatre boîtes qui renfermaient les plaques de verre positives contenaient une feuille donnant un intitulé à chacune des photographies. Des regroupements étaient effectués par lieu. Cependant, une photographie numérotée « 21 bis » ou des séquences comme celle du plumage de l’autruche, indiquent que le photographe avait numéroté ses clichés postérieurement. Donc, le classement présenté suit l’ordre des lieux, mais certaines rectifications ont été apportées quant à l’ordre interne de chaque groupe dans un souci de cohérence. Comme le fonds comporte majoritairement des plaques positives, et que celles-ci avaient été légendées, elles représentent la base du classement. Les plaques négatives et les tirages qui correspondent à des plaques positives ont été rapprochés de celles-ci, et les images qui n’ont pas de concordance exacte avec des plaques positives ont été réintroduites dans les séquences photographiques auxquelles elles coïncident. La moitié des photographies prises durant la Première Guerre Mondiale porte une légende au verso (69 sur 130). Cinquante photographies ont été numérotées mais les chiffres ne correspondent pas à un ordre logique des événements. C’est pourquoi il a semblé préférable d’effectuer un classement thématique.