Le front
Le soldat
Le soldat de 1914 n’est pas encore le « Poilu » mais le « Piou-piou » caractérisé par son pantalon garance et son képi auquel les généraux tiennent beaucoup car il était déjà porté en 1870. Avec l’arrivée du drap bleu horizon et du casque, le « Piou-piou » devient un poilu sanglé dans sa capote à deux rangées de boutons. Il est le symbole vivant de la guerre des tranchées.
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La tranchée
Les premières tranchées apparaissent à la fin de l’année 1914. D’abord simple fossé défensif, elle est rapidement acceptée par les Allemands mais longtemps considérée comme provisoire par les Français. Le boyau, fossé sinueux, est l’entrée de l’univers de la tranchée : c’est par lui que l’on arrive et que l’on repart de la première ligne.Les tranchées sont protégées par un réseau de fils de fer barbelés, redoutables lors des corvées de nuit. Cadre de combat, la tranchée devient cadre de vie où la promiscuité et l’enfermement, particulièrement durs, créent les liens d’une camaraderie et d’une fraternité incompréhensible pour les civils et ceux de l’arrière. Les soldats dorment dans des abris creusés dans la terre, le « gourbi » ou la « cagnat ». Là, les soldats vivent et meurent en compagnie des « gaspards » : les rats.
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L'armement
La guerre de position nécessite de nouveaux armements, notamment pour l’artillerie : les calibres sont de plus en plus gros. De près, la guerre s’adapte : le matériel doit pouvoir atteindre le fond de la tranchée ennemie. Mais on ressort aussi du passé des armes de corps à corps et silencieuses : l’arbalète qui, modernisée, lance des grenades, la masse d’arme et le couteau de tranchée. Meurtrière, la mitrailleuse est l’arme défensive. De nouvelles armes font leur apparition : le fusil-mitailleur Chauchat modèle 1915 et le tromblon lance-grenades VB, qui s’adapte sur le fusil Lebel.
Dans les zones de l’arrière proches du front, les civils, sans hommes, sont soumis aux réalités de la guerre. Comme les soldats, lorsqu’ils ne quittent pas leurs maisons, ils se terrent pour découvrir ensuite leurs domiciles soufflés par les explosions. Ces destructions montrent une autre face de la violence quotidienne et croissante du conflit.
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L'ennemi
L’ennemi, le barbare « hun », est un personnage complexe. Complexe, car il souffre comme le poilu, mais compliqué car le « Boche » n’est pas le soldat d’un seul pays. En effet, l’entité allemande est floue pour le poilu de la République française, à cause de la diversité des États allemands et du nombre de leurs armées : Prussiens, Bavarois, Saxons, Wurtembourgeois qu’un uniforme toutefois unifie, et qui sont coiffés jusqu’en 1916 du casque à pointe, le « Pickelhaube », caractérisant leur silhouette. Pour simplifier cela, on utilise un mot datant de 1905, énergique, plus rude et moins usé que le « Prusco » de la guerre de 1870, le « Boche ».
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La vie quotidienne (1)
Le soldat de la Grande Guerre, hormis son quart en tôle, sa gamelle et sa cuillère, utilise des ustensiles de campement collectif : une gamelle, une marmite, un seau de toile ou vache à eau, un sac de distribution et un moulin à café en plus ou moins grand nombre pour une escouade de 8 à 15 hommes. En campagne, le poilu touche des vivres frais (ration normale et ration forte pour les opérations) à consommer dans la journée et des rations de réserve constituées de denrées non périssables. Lors de la montée en ligne, le soldat touche deux jours de vivres frais et deux jours de vivres de réserve. Ses rations sont augmentées durant la guerre et le soldat mange mieux que le civil. Pour un million de combattants, il faut livrer sur le front au moins 2 500 bœufs par jour. De même pour le pain, les boulangeries de campagne de l’armée, en plus du pain livré par voie ferrée, doivent faire 45 000 rations de pain pour un corps d’armée et 14 tonnes pour une division.
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La vie quotidienne (2)
Le poilu ne reçoit de l’administration de la Guerre qu’une serviette de toile et une ration de 12 grammes de savon par jour, perçu pour 15 jours. Il doit se procurer lui-même le reste des accessoires nécessaires à l’hygiène : rasoir, blaireau, brosse à dents. La toilette, si rare soit-elle, est un moment où l’on peut prendre soin de soi et retrouver un peu de dignité. La prolifération des poux de corps, ou « totos », est un fléau : promiscuité, insalubrité ambiante, crasse, macération des corps dans des effets portés longtemps rendent nécessaire les séances d’épouillage.
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La vie quotidienne (3)
Au front, le soldat bénéficie de temps libre. Parce qu’elles permettent d’échapper temporairement à l’univers ambiant, aux corvées, aux gardes, à l’attente, les distractions sont appréciées. Ainsi, la lecture des journaux venant de l’arrière et les jeux de cartes, de dés ou de dominos sont prisés. Le temps de répit est aussi l’occasion de séances d’instruction, souvent à l’air libre, lors des séjours dans les lignes arrières. De même, certaines activités physiques sont encouragées afin de maintenir un esprit de cohésion : les poilus font de la gym mais aussi du rugby. Le tabac, qui n’est jamais rationné aux poilus, contrairement aux civils, est une des consolations du soldat.
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La vie quotidienne (4)
Afin d’occuper leur temps libre dans les tranchées ou aux lignes arrières, certains poilus, habiles de leurs mains, recyclent les métaux environnants : cuivre et laiton des obus, acier de carcasses de fusil ou aluminium de quarts abandonnés, en objets personnels, offerts ou vendus aux camarades, ou cadeaux envoyés aux familles. Ainsi naissent des bagues, des coupe- papier, des porte-plumes, des boîtes ou des briquets, véritable artisanat de tranchée.
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La mort
Au début, la perception de la mort est la même que dans les conflits passés : la guerre a un sens et il faut en réchapper. Avec l’évolution du conflit, la mort n’est plus la même : d’une mort héroïque dans la guerre de mouvement, la mort devient brutale et industrielle avec la guerre de position.
Le règlement prescrit l’inhumation des soldats morts sous le contrôle d’un officier de santé mais, avec la mobilisation des médecins dans les centres de secours, le mort est le plus souvent enterré presque anonymement par ses camarades ou par des prisonniers ennemis sous la garde de ses camarades. Il est dans son uniforme, avec sa plaque matricule et ses effets, parfois mis dans un linceul de fortune. La tombe individuelle du poilu enterré sur son lieu de mort ou bien collective est un rappel permanent, pour le vivant, de la présence du danger.
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