Des poilus photographient la guerre

Jusqu’à la fin du 20e siècle, les techniques photographiques sont complexes : les temps de pose, très longs, ne permettent pas de saisir des scènes sur le vif, la manipulation délicate de certains produits nécessite des connaissances en chimie, l’instabilité des émulsions photosensibles oblige à les préparer sur place et à développer l’image immédiatement après la prise de vue. Tout change à partir des années 1860-1870, avec l’invention de procédés plus simples et moins coûteux, d’appareils plus légers et maniables, qui permettront la vulgarisation de la photographie. Les soldats de la Grande Guerre utilisent principalement deux supports : la plaque de verre et la pellicule souple. Les négatifs des photographies présentées dans l’exposition ont été réalisés dans leur majorité sur des plaques de verre, recouvertes d’une émulsion au gélatino-bromure d’argent. Ces émulsions sèches sont vendues prêtes à l’emploi. On peut les stocker et attendre plusieurs mois entre l’exposition et le développement. A cette époque, les photographies stéréoscopiques sont encore à la mode : c’est le procédé utilisé par Henri Franck. Les photos sont réalisées avec un appareil comportant deux objectifs et deux chambres noires. L’image est donc créée simultanément en deux exemplaires, avec un léger décalage de perspective correspondant à peu près à l’écart entre la vision de l’œil droit et de l’œil gauche. on regardait les plaques par transparence au moyen d’une visionneuse spéciale qui permettait de reproduire une impression de relief. Les conditions extrêmes du front et l’utilisation de matériel non professionnel expliquent, cependant, la qualité inégale des prises de vue.