Présentation du contenu : Le découpage du département en districts fut assez laborieux, tant les revendications locales furent nombreuses. Nous empruntons à Edouard Philipon (Dictionnaire topographique du département de l'Ain, Paris, 1911, p. LXI-LXII) les explications suivantes :
" Le projet de division du territoire en départements ne semble pas avoir suscité de bien vives ni surtout de bien sérieuses objections ; mais il n'en fut pas de même lorsque l'on passa à la division en districts. Le pays, qui jusqu'alors était resté à peu près indifférent, se passionna tout à coup pour le travail du Comité de constitution. La raison de cette différence n'est pas difficile à démêler : la création des départements ne touchait pour ainsi dire pas aux intérêts locaux, ou, pour mieux dire, aux intérêts des villes, car ceux des campagnes, qui n'avaient pas pour les défendre la " nuée formidable " des praticiens et des officiers ministériels, étaient sacrifiés d'avance. Dans chaque département, il n'y avait guère que deux ou trois villes qui pussent prétendre au titre de chef-lieu départemental ; toutes, au contraire, avaient l'ambition de devenir chef lieu de district. Celles qui n'avaient ni commerce, ni industrie, prétendaient que c'était pour elles le seul moyen d'échapper à la ruine ; quant aux villes importantes, elles se targuaient de leur richesse et de l'éclat de leur passé pour réclamer comme chose due le siège de l'administration du district.
" Le Comité de constitution fut littéralement assailli par des milliers de délégués qui plaidaient avec emportement la cause de leurs commettants. Ce malheureux Comité, dont Dupont de Nemours nous a raconté les tribulations en termes pittoresques (Observations sur les principes qui doivent déterminer le nombre des districts et celui des tribunaux dans les départements par M. Du Pont, député du bailliage de Nemours, membre adjoint du Comité de constitution), ne savait qui entendre.
" Finalement, et pour faire le moins de mécontents possible, il multiplia outre mesure le nombre des districts, poussa même la condescendance jusqu'à placer dans des villes différentes le siège de l'administration et celui de la justice. C'est ainsi qu'après avoir divisé le département de l'Ain en neuf districts dont les chefs-lieux étaient Bourg, Montluel, Châtillon les Dombes, Pont de Vaux, Trévoux, Belley, Nantua, Saint Rambert et Gex, le projet de décret qui fut voté, le 15 janvier 1790, décidait que les tribunaux qui pourraient être créés dans les districts de Saint Rambert et de Châtillon seraient placés dans les villes d'Ambérieu et de Pont de Veyle et que Bâgé ou Saint Trivier seraient admis à partager avec Pont de Vaux les établissements de leur district.
" Des décrets de l'Assemblée nationale concernant la division du royaume en 83 départements, le premier fut voté le 15 janvier 1790 ; il débute ainsi : " L'Assemblée nationale, sur le rapport du Comité de constitution, après avoir entendu les députés de toutes les provinces du royaume a décrété que la France sera divisée en 83 départements."
" Dix jours plus tard, le 25 janvier 1790, le département de l'Ain divisé en neuf districts et quarante neuf cantons fut définitivement décrété par l'Assemblée nationale ".
Edouard Philipon donne ensuite une liste des districts, cantons et communes du département. Il se servit, pour établir cette liste des documents suivants : Dénombrement constitutionnel de la France, Paris, Desenne, 1791 ; État général des départements, districts, cantons et communes de la République, publication officielle de l'an II ; Carte du département de l'Ain décrété le 25 janvier 1790, Atlas national de France, n° 45. Sa liste diffère par certains détails de celle d'Eugène Dubois établie à partir du rapport du comité de constitution présenté à l'Assemblée nationale le 25 janvier 1790, et publié le 29 mai 1790 dans les " Proclamations de Messieurs les Commissaires du Roi pour la formation et établissement du département de l'Ain ", Bourg, Goyffon, 28 p. avec carte